Notre corps est composé de 65% d’eau à l’état normal, c’est donc environ 33,8 kg d’eau qui écrivent ces quelques lignes. C’est beaucoup. Beaucoup plus par exemple que les quelques 900 g de liquide amniotique qui accompagnent notre gestation. Mais rien comparé au 4 500 km3 d’eau salée dont est composée La Manche. L’eau. Ce sera un élément fondamental de notre discussion. Ainsi que la vie. L’effort. L’effort de vivre.
La compagnie La Trotteuse ( ≃ 95 kg d’eau au total) propose une traversée théâtrale, sonore et musicale…
Il y a l’histoire de Juliette Robinet, une petite fille, qui rêve de traverser la Manche à la nage.
Il y a l’histoire de cet homme alité 48 jours dans un box de réanimation, luttant contre la soif, rêvant d’eau aromatisée aux agrumes.
Il y a l’histoire de sa femme, enceinte, obligée de boire de l’eau pour reconstituer son liquide amniotique, qui tous les jours vient le regarder avoir soif et espérer son retour dans le monde des vivants.
Ces trois histoires d’eau se font étrangement écho et nous entrainent vers une grande traversée, celle de chacun de ces personnages à la découverte de sa propre puissance de vie.
« Juliette Robinet » retrace 3 exploits éprouvants et physiques que sont la traversée de la Manche, la maladie, et l’accouchement, et trouve des parallèles, aquatiques évidemment. Au fil du récit, des souvenirs se réinventent, des ponts se construisent entre ces différentes histoires, pour n’en faire plus qu’une, celle de la résilience des corps. Du récit de l’intime et de l’exploit sportif, « Juliette Robinet » devient donc une ode au vivant. La puissance de l’eau comme moteur à la puissance des corps.
« Juliette Robinet » est un personnage de fiction très inspirée par Véronique Robin, la 7ème française à avoir traversé La Manche à la nage en maillot, à l’âge de 51 ans. En prenant le point de départ de ce défi inouï, la narratrice livre des pans de son histoire à elle, dont on ne saura jamais ce qui est vrai ou non. Mais peu importe, on navigue entre cette fiction et une certaine réalité. On se laisse embarquer par l’urgence de ces histoires. La voix imaginaire de Juliette Robinet permet d’aborder des sujets intimes sans impudeur, et d’en tirer un propos universel. Le parcours de Juliette fait ainsi écho à celui de toutes celles et ceux qui, « un jour, par chance, par folie, par amour, trouvent les ressources insoupçonnées pour affronter le défi de l’existence ».
de et avec
Nicolas Ducloux
Mélanie Le Moine